dimanche 26 juillet 2015

La Vierge aux 100 portes

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Nos hôtes nous ont conviés à déguster le café grec du maître de maison, le matin de notre départ. Il sait apparemment le faire comme personne, et a même promis à Anne un café spécial.

Je préfère retourner à l'église Panagia Ekatondapyliani profiter de l'ambiance et faire quelques photos.

Les pins semblent s'incliner vers l'église située en contre-bas du jardin, l'effet est assez étonnant même si les photos ne parviennent pas à restituer cette inclination respectueuse.


Au milieu des pins je trouve une relique de la flamboyance passagère des négociateurs grecs vis-à-vis de la troïka. A part une fresque murale entraperçue depuis le métro d’Athènes quand nous allions au Pirée, qui mettait en scène la relation que le capitalisme entretient avec la merde, nous ne voyons pas beaucoup de témoignages de la frénésie politique de ces derniers mois. Mais peut être ceux-ci sont-ils trop discrets.

Je contourne par le sud le complexe religieux constitué de multiples constructions successives, dont il tire son nombre de portes légendaire : une centaine d’après les guides. L'enceinte abrite d'anciennes cellules de moines, ce qui crédibilise quelque peu cette réputation.


Franchissant le seuil de l'église, je me dirige vers la chapelle nord, où il y a également une iconostase.

Je m'assois sur le côté pendant un quart d'heure pour observer le passage des habitants. Ceux-ci s'arrêtent rapidement par la chapelle, sur le chemin rejoignant leurs activités, les femmes souvent munies d’un sac pour les courses, les hommes libres de toute charge. Ils sont par là, ils ont un moment de libre, ils viennent.

Ils s’inclinent, se signent, prononcent une courte prière, parfois allument un cierge, mais surtout embrassent une ou plusieurs icônes. Celles-ci sont d’ailleurs protégées par des vitres. Il y a beaucoup plus de présence humaine que dans nos propres églises, il est aisé de comprendre comment l’église orthodoxe a pu demeurer si riche, dans un pays religieusement très actif depuis des millénaires.

Une vielle femme affreusement tordue par les douleurs passe devant moi en me jetant un regard de biais. Elle est tellement penchée sur sa canne qu’elle ne doit pas dépasser un mètre de hauteur. Parvenue aux icônes, elle agrippe une saillie sur le mur, et se redresse péniblement pour les embrasser tour à tour. C’est un miracle, qui doit beaucoup lui coûter.

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