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Nous partons pour Delphes en fin de matinée, redoutant le voyage de quatre heures tant la voiture est petite et les valises nombreuses. Nous ne réussissons qu'à en caler 3 dans le coffre de la Suzuki, les deux dernières sont dans les jambes des passagers. Le voyage s'avère toutefois moins pénible que prévu. Nous empruntons partiellement le tracé d'une future autoroute, qui a l'avantage de nous faire éviter les villages sans pour autant nous offrir de voie de dépassement. Comme les véhicules grecs se rangent aimablement sur la bande d'arrêt d'urgence quand ils sont rattrapés, cela ne nous ralentit pas trop. En revanche, nous devons acquitter des péages pour cette autoroute en construction, ce qui démontre une certaine capacité à faire rentrer des sous dans les caisses de l'Etat, malgré tout.
Un peu après avoir passé le pont à haubans qui enjambe l'extrémité est du golfe de Corinthe, nous vivons un grand moment d'émotion en passant près de Naupacte, anciennement Lépante, où durant la bataille navale opposant en 1571 l'empire ottoman et la Sainte Ligue, Miguel de Cervantès perdit l'usage de son bras gauche. Nous recherchons ensuite Monastiriki pour faire une halte. Nous y dégustons deux grandes assiettes de mezze avant d'aller profiter d'une jolie plage ombragée de tamaris.
Nous remarquons sur le bas côté de la route la présence de bornes toutes différentes, érigées le plus souvent à des carrefours, dans des tournants ou à d'autres endroits dangereux, et nous finissons par en photographier certaines.
Elles commémorent la disparition d'un être cher dans un accident automobile. Le trafic limité et la faible puissance de notre Suzuki surchargée nous préservent a priori de tout enrichissement de cette collection, à condition de ne pas nous arrêter n'importe où.
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