vendredi 7 août 2015

Début d’une séquence immobile

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Nos quelques jours à Pouri, dernier village du nord du Pelion avant le parc naturel national et la fin des routes asphaltées, est exactement ce qu’il nous fallait pour renouer avec une Grèce plus authentique, et ralentir notre rythme effréné. La contrepartie est que nous ne ferons ni ne verrons plus grand chose pendant ces deux derniers jours, tant le relief et les routes sommaires allongent les distances. Avec notre pauvre voiture de location d’entrée de gamme, nous aurions de toute façon du mal à nous déplacer sans risque : beaucoup de pentes sont à la limite de ses capacités, notamment en marche arrière, lorsque nous nous rendons compte d’une erreur de navigation, et cherchons à rebrousser chemin sur une route vaguement cimentée trop étroite pour faire demi-tour. Nous demeurons donc sur place, ne poussant guère plus loin que les quelques kilomètres à la ronde.

La maison, perchée à 300 mètres au-dessus de la mer, offre un beau point de vue sur les côtes abruptes et boisées. L’environnement est très vert, avec notamment beaucoup de marronniers, là où ils n’ont pas fait place aux pommeraies, aux noyers et aux plantations de kiwi. Nous avons presque le sentiment d’avoir changé de pays. D’ailleurs, la gardienne du petit centre culturel que nous visiterons le lendemain nous confiera quelle avait été sa surprise, enfant, quand elle avait découvert ce qu’était véritablement la Grèce lors d’un voyage scolaire, et l’envie que cela lui avait donné de demeurer dans sa région natale remarquablement isolée par la mer, la montagne et la forêt.

Nous ne rencontrerons aucun touriste, si ce n’est un vieux couple homosexuel dans le restaurant italien tenu par le jeune couple qui assure l’accueil dans la maison. Celle-ci a été rachetée par une famille d’Israéliens alors qu’elle menaçait ruine, mais nous ne trouvons presque pas de signes de leurs nationalité dans leur intérieur très agréable et bien arrangé, si ce n’est quelques DVD aux jaquettes en hébreux et une collection d’épices qui me feront longtemps hésiter avant de mettre au point une marinade pour les brochettes de poulet mariné au citron et à l’ouzo du lendemain.

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